NON À LA STATUE BIGEARD !

Malgré une forte mobilisation citoyenne, à l’heure où de nombreuses statues de personnalités controversées sont déboulonnées en France, à l’heure où des rues sont débaptisées, le maire de Toul et une partie de son conseil municipal ont fini par ériger la statue de Bigeard dans l’espace public à Toul, le 24 octobre 2024 en toute discrétion et sans annonce préalable.

Cette décision est lourde de conséquences : elle dénie l'histoire de la guerre d'Algérie ainsi que l’histoire coloniale, périodes où Bigeard a torturé et a fait disparaître des Algériens et des Français qui s'opposaient  au régime colonial de la France.

Il est intolérable que de tels hommages puissent être rendus à un tel criminel. Cette statue est le symbole d’une nostalgie passéiste, rétrograde et dangereuse.

N’ayant pas réussi à empêcher l’érection de la statue, Le  Collectif " Histoire et Mémoire dans le Respect des Droits Humains" réaffirme son opposition et poursuit son combat.

Le collectif organise une manifestation à Toul

le samedi 11 janvier 2025 à 14 heures,

avec l’ambition de donner une envergure nationale à l’événement.

 

QUI ÉTAIT BIGEARD ?

Bigeard est né et mort à Toul, il venait du peuple et a été résistant pendant la seconde guerre mondiale.

Il arrive en Indochine début 46, où il sera fait prisonnier durant quelques mois. Puis comme beaucoup de vétérans d’Indochine, il demande son affectation en Algérie où il fera régner la terreur et l’arbitraire.

En Algérie, Bigeard a commandé et couvert la torture, son régiment comptabilisait plus de morts suspectes que les autres régiments. Il a également dirigé une école militaire dans laquelle ses pratiques étaient enseignées aux officiers de renseignement, surnommée école « Bigeardville » ; école de formation de la guerre psychologique où on enseignait la torture « humaine » (par opposition à inhumaine).

Il a su auto-construire sa réputation sur le Toulois. Il a écrit 7 fois sa biographie où il se donne un rôle disproportionné.  C’était un grand communiquant, dans la tradition bonapartiste des militaires qui construisent leur légende. Il était reconnu en tant qu’homme politique toulois qui avait une importance. Une avenue porte son nom à Toul.

Bigeard n’a jamais avoué l’usage de la torture.

LES « CREVETTES BIGEARD »

Pour beaucoup, ce terme ne signifie rien, surtout qu'il ne figure dans aucun livre d'histoire de notre enseignement.

Pour éliminer physiquement, en faisant disparaître les corps, Bigeard avait inventé cette technique : sceller les pieds du condamné (sans jugement, sinon le sien), vivant, dans un bloc de béton et le larguer de 200 ou 300 mètres d'altitude d'un avion ou d'un hélicoptère en pleine mer.

C'est cette technique qui a été utilisée en Argentine en particulier pour les 30.000 disparus que pleuraient les "Folles de la Place de Mai".

LA STATUE

Une statue de 2m50 de haut (4 mètres avec son socle !), représentant Bigeard en uniforme, décorations sur la poitrine et coiffé du béret des para. C’est bien le militaire qui est honoré !

Cette statue commandée par la fondation Bigeard a été sculptée par Boris Lejeune, contributeur régulier de « Catholica » (revue catho intégriste) connu également pour avoir réalisé des chroniques sur « radio courtoisie » (radio de Zemmour ...)

LES CENDRES

Bigeard souhaitait que ses cendres soient répandues au-dessus de Diên Biên Phu, ce qu’ont refusé les autorités vietnamiennes. Puis la possibilité de l’accueillir aux Invalides a déclenché de nombreuses contestations. Ses cendres finiront à Fréjus, au Mémorial des guerres en Indochine.

LA POSITION DE LA MAIRIE

La mairie de Toul a approuvé l’installation de la statue à deux reprises lors de conseils municipaux, malgré les controverses.

Sur 26 votants : 12 pour, 8 contre, 6 abstentions décision qui est loin de faire l’unanimité.

LA POSITION DE LA PRÉFÈTE

Le 29 octobre 2024, le collectif rencontre la préfète qui défend la décision de la mairie de Toul, répète qu’« une guerre n’est jamais propre » et affirme les « bienfaits » de la colonisation française en Algérie.

 

Soyons nombreux·ses à Toul le samedi 11 janvier à 14h (RDV devant la gare) pour faire entendre notre opposition à la présence de cette statue qui glorifie des pratiques violentes et abjectes, et entretient le roman national colonialiste.

 

Pour signer la pétition, c’est ici.

Pour aller plus loin :